Doctolib : les psychiatres et la téléconsultation

Alors que le gouvernement organise ce 27 juin des Assises de la téléconsultation, Doctolib a publié le semaine dernière une étude sur cette pratique. D’après ses données, les psychiatres sont ceux qui utilisent le plus cette façon de consulter parmi les cinq spécialités présentes sur la plateforme. Plus de 60% de ceux qui sont clients de Doctolib y ont recours, tandis que plus de 20% de leurs actes médicaux se font sous cette forme. 

Doctolib, plateforme incontournable de la prise de rendez-vous médical en ligne, a publié mardi 17 juin une étude sur la téléconsultation en 2024. Selon ses résultats, près de 5,1 millions de téléconsultations ont été réalisées via ce portail qui représente un peu moins de la moitié des actes médicaux en ligne, avec près de 15 000 utilisateurs appartenant à cinq spécialités (médecine générale, psychiatrie, gynécologie, dermatologie et pédiatrie).

Plus de 60% des psychiatres ont recours à la téléconsultation 

Parmi ces spécialistes, les psychiatres ont nettement plus tendance que les autres à utiliser la téléconsultation. En effet, 63 % de ces praticiens qui sont clients de Doctolib ont recours à cette pratique, contre 46 % des pédiatres, 42 % des généralistes, 41 % des gynécologues et 29 % des dermatologues. En part de téléconsultations, les psychiatres mènent encore la danse puisque 20,3 % de leurs consultations se passent de cette manière, contre 8,1 % pour les généralistes, 5,1 % pour les pédiatres, 4,8 % pour les gynécologues et 4,4 % pour les dermatologues.

La téléconsultation plus utilisée en médecine générale 

Mais en matière de volume, c’est la médecine générale qui est en tête avec 4 millions de téléconsultations réalisées en 2024, un record depuis 2022.   Toutefois, les patients des psychiatres sont les plus enclins à accepter une séance de téléconsultation. Aussi, l’étude de Doctolib montre que les femmes représentent 59,5 % des patients de téléconsultation, contre 55,2 % des patients de consultation en présentiel. En outre, les jeunes adultes de 25 à 34 ans adorent davantage cette configuration, avec 27,3 % d’entre eux qui utilisent la téléconsultation, contre 15,3 % des consultations en présentiel.

De la généralisation des usages numériques depuis le Covid

Si la téléconsultation est davantage utilisée par les Français c’est d’abord grâce à l’essor du numérique dans les usages du quotidien depuis la crise du Covid. Au niveau des jeunes, en particulier, il y a en plus une plus grande aisance avec les nouvelles technologies sur lesquelles repose la téléconsultation. Plus globalement, il est plus facile de se confier via un écran car la maladie mentale reste un tabou, alors que la santé mentale des Français ne cessent de se dégrader. Doctolib montre d’ailleurs que 11% des patients ayant téléconsulté en psychiatrie n’ont eu aucune consultation en présentiel dans l’année.

Les psychiatres davantage disposés à des rendez-vous en distanciel 

On note en outre que les patients acceptent souvent la téléconsultation parce qu’il est plus facile pour un psychiatre de dégager le temps plutôt que de trouver un créneau pour un rendez-vous en cabinet. Selon Doctolib, 54 % des téléconsultations ont été octroyées dans les 48 heures suivant la demande, contre seulement 32 % pour les consultations physiques.

Mieux, 42 % sont programmées en moins de 24 heures, soit près du double des consultations physiques (23 %). Malgré cette rapidité,  les psychiatres sont de moins en moins nombreux et cette situation risque de se détériorer avec le temps compte tenu du fait que cette spécialité n’arrive qu’à la 40ème place sur 44 des choix des étudiants en médecine.

Des Assises de la téléconsultation ce vendredi 

Cette rareté des psychiatres est particulièrement sévère en zone rurale. Elle interroge Jean-Urbain Hubau, directeur général France de Doctolib, qui se demande pourquoi la téléconsultation bénéficie principalement aux populations jeunes et urbaines, alors qu’elle pourrait révéler tout son potentiel dans les territoires en tension sanitaire, au service de l’ensemble des patients qui en ont besoin.

La Cour des Comptes regrettait d’ailleurs, dans un rapport publié en avril 2025, un recours insuffisant à cette pratique. L’institution note qu’elle représentait seulement 3,2 % des actes des médecins libéraux et centres de santé en 2023 et 1,4 % du secteur hospitalier. Peut-être le gouvernement trouvera t’il des solutions avec l’organisation, ce vendredi 27 juin, des Assises de la téléconsultation ? Celles-ci doivent évaluer le cadre réglementaire dans lequel évolue la pratique.