Plus d’une centaine de scientifiques ont décidé de dénoncer l’influence des lobbies industriels sur la future réglementation européenne concernant les perturbateurs endocriniens.
Une controverse créée de toutes pièces
À l’occasion d’une tribune signée dans le journal Le Monde, une centaine de scientifiques ont dénoncé la future réglementation européenne concernant les perturbateurs endocriniens. Pour eux : « Le projet d’établir une réglementation de ce type dans l’Union européenne est activement combattu par des scientifiques fortement liés à des intérêts industriels, produisant l’impression d’une absence de consensus, là où il n’y a pourtant pas de controverse scientifique ».
L’influence de l’industrie, et des scientifiques qui la soutiennent, serait la cause d’un faux débat mettant en doute le danger des perturbateurs endocriniens sur l’organisme. Ceux-ci sont pourtant capables d’avoir des conséquences néfastes sur le système hormonal, même à de très petites doses.
Les signataires de cette tribune expliquent que : « La très grande majorité des scientifiques activement engagés dans la recherche des causes (de l’augmentation des maladies en lien avec le système hormonal) s’accordent pour dire que plusieurs facteurs y contribuent, dont les produits chimiques capables d’interférer avec le système hormonal ». L’influence des perturbateurs endocriniens sur le système hormonal ne fait donc aucun doute pour les chercheurs spécialisés sur la question alors que certains industriels importants veulent faire croire à une polémique à ce propos.
La définition des perturbateurs endocriniens fait polémique
Ces scientifiques se disent également : « préoccupés par les options réglementaires que propose Bruxelles ». En effet, l’Europe part du principe que : « Les perturbateurs endocriniens peuvent (…) être traités comme la plupart des substances [chimiques] préoccupantes pour la santé humaine et l’environnement ».
Conséquence : les différents pays européens ont du mal à trouver une véritable définition du terme perturbateur endocrinien, qui est pourtant le premier pas indispensable à franchir pour pouvoir réglementer leur utilisation. La définition proposée détermine les perturbateurs endocriniens comme : « toute substance ayant des effets indésirables sur la santé et sur le système hormonal, et dont le lien entre les deux est prouvé ».
Pour la communauté scientifique, cette définition n’est pas la bonne, car elle : « requiert un niveau de preuve bien plus élevé que pour d’autres substances dangereuses, comme celles cancérigènes. Dans la pratique, il sera très difficile de reconnaître une substance dangereuse comme perturbateur endocrinien ».