Selon une étude de l’institut finlandais CREA, le scandale du « Dieselgate », qui implique des moteurs diesel truqués, a provoqué 16 000 décès en France entre 2009 et 2024. Si rien n’est fait, prévient-il, il pourrait survenir 8 000 autres morts d’ici 2040. L’organisme appelle à retirer rapidement de la circulation les véhicules concernés encore en circulation.
Dix ans après le « Dieselgate », une étude chiffre enfin le coût humain et économique de ce scandale lié aux moteurs diesel truqués. Selon une étude du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), publiée le mercredi 28 mai en collaboration avec ClientEarth, le Dieselgate est à l’origine de la mort de 16 000 personnes en France entre 2009 et 2024. À l’échelle européenne, il aurait provoqué 124 000 décès dans la même période.
Une étude focalisée sur les gros marchés automobiles européens
L’étude couvrait l’ensemble des pays européens, mais se focalisait particulièrement sur la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni, les principaux marchés automobiles d’Europe. Elle appuie sur des données issues d’essais d’émissions en conditions réelles, de modélisations de dispersion atmosphérique et d’études épidémiologiques. Cette enquête avait pour but de quantifier l’impact sanitaire réel des véhicules diesel équipés de « defeat devices ». C’est-à-dire de dispositifs d’invalidation interdits, mais utilisés par les constructeurs sur des véhicules diesel vendus entre septembre 2009 et août 2019.
Les oxydes d’azote en grande partie responsables des décès
Selon le rapport du CREA, le Dieselgate n’a peut-être pas encore fini de faire des malheurs. Si des mesures coercitives ne sont pas mises en œuvre rapidement, il pourrait y avoir 8 000 décès supplémentaires d’ici à 2040. Dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, 205 000 décès prématurés pourraient survenus. Le CREA note que les oxydes d’azote sont en grande partie responsables de ces morts à cause d’un effet oxydatif majeur dans les poumons. Ces substances altéreraient durablement la fonction respiratoire, en particulier chez les enfants et les personnes âgées.
146 milliards d’euros perdus à cause du Dieselgate
Dans son étude, l’institut finlandais évoque également des milliers de cas d’asthme et des centaines de milliers de journées non-travaillées pour l’économie. En France, 26 000 nouveaux cas d’asthme seraient dus aux moteurs truqués ces trente dernières années. Évidemment tout ceci à un coût économique. Selon CREA, celui-ci s’élève à 146 milliards d’euros, en raison des pertes de productivité, des soins ou encore des décès prématurés. Et le pire reste à venir. D’ici à 2040, environ 2,4 millions de jours de congés maladie pourraient découler des sur-émissions liées au Dieselgate, avec un impact direct sur les finances publiques.
Le Dieselgate a éclaté en 2015
Pour rappel, le scandale du Dieselgate a éclaté en 2015 aux États-Unis avec les voitures Volkswagen. Mais plusieurs autres constructeurs automobiles ont été ensuite épinglés, notamment Fiat et PSA en France. Entre 2009 et 2019, ces entreprises ont commercialisé des véhicules diesel truqués, émettant beaucoup plus de polluants que ce que la réglementation autorisait. Ces voitures réussissaient à déjouer les tests grâce à des dispositifs d’invalidation qui permettaient d’afficher des seuils d’émissions jusqu’à 20 fois inférieurs aux émissions réelles sur les routes. Au moins 204 modèles de véhicules seraient concernés.
Tous les véhicules retirés aux États-Unis après le Dieselgate
Le CREA estime à environ 3 millions le nombre de véhicules en infraction encore en circulation dans l’Union européenne. Il appelle les autorités à les retirer sans délai pour éviter de nouveaux décès. Anne Lassman-Trappier, en charge de la qualité de l’air pour France Nature Environnement, exhorte l’État à ne pas se faire complice de tous ces morts. Elle demande au gouvernement d’imposer « aux constructeurs automobiles la remise aux normes des véhicules » incriminés. C’est ce qui a été fait aux États-Unis dès que le scandale a éclaté, pour sauver des milliers de vies », a-t-elle déclaré.