Un décret publié au Journal officiel le samedi 6 septembre confirme l’interdiction des sachets de nicotine en France à partir de mars 2026. Ce bannissement concerne également les pâtes, billes, gommes à mâcher, pastilles, liquides et bandelettes. Évidemment, si elle satisfait les associations antitabac, cette mesure ne peut que déplaire aux fabricants et aux buralistes.
Après les cigarettes électroniques jetables depuis fin février et l’interdiction de fumer dans certains espaces publics en juillet dernier, la France poursuit sa lutte contre les produits nicotiniques. Le gouvernement a annoncé, le samedi 6 septembre, dans un décret publié au Journal officiel, l’interdiction de l’ensemble des produits à usage oral contenant de la nicotine, à l’exception des médicaments et dispositifs médicaux. Sont donc également visés les sachets, pâtes, billes, gommes à mâcher, pastilles, liquides et bandelettes.
Les lobbies n’ont pas pu soumettre le gouvernement cette fois
Ce décret s’inscrit dans un processus réglementaire entamé en février 2025 avec la notification par la France de son projet d’interdiction auprès de la Commission européenne. Plusieurs États membres de l’UE avaient exprimé des objections, sans doute sous une forte pression des lobbies du tabac. Mais l’Hexagone n’a pas reculé, arguant de la nécessité de protéger la santé publique, notamment la santé des mineurs. Le ministère de la Santé a d’ailleurs répété samedi que l’interdiction des produits nicotiniques vise avant tout à protéger les jeunes, alors que la nicotine est désormais classée comme une substance toxique et que son usage récréatif représente un risque d’initiation au tabagisme.
Les sachets de nicotine représentent un danger pour la santé
Apparus en France fin 2022, les sachets de nicotine, aussi appelés « pouches », sont des alternatives au tabac. Ils se présentent sous la forme de petits sachets imprégnés de nicotine et d’arômes, à placer entre la lèvre et la gencive. Leur format discret et attrayant leurs saveurs sucrées et fruitées ainsi que leur marketing appuyé en font des produits particulièrement appréciés des adolescents et des jeunes adultes. Ces nouvelles formes de consommation de nicotine ne sont toutefois pas sans effets néfastes sur la santé.
En effet, elles peuvent provoquer des symptômes d’intoxication, notamment des vomissements, des douleurs abdominales, des sueurs et une augmentation de la pression artérielle. Elles peuvent également abîmer les gencives, favoriser les cancers ORL et installer une dépendance durable, d’après diverses études. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a mis en garde contre leur consommation dès 2023, après plusieurs cas d’intoxication d’enfants.
Les sachets de nicotine, le nouvel Eldorado des industriels
D’ailleurs, les produits nicotiniques ne contiennent pas que de la nicotine. On y trouve d’autres substances toxiques. Une enquête de 60 Millions de consommateurs menée en décembre 2024 a détecté notamment des traces d’arsenic, de plomb et de chrome. Face à ces données, l’Alliance contre le tabac (ACT) voit en l’interdiction des sachets et autres dérivés de nicotine une « victoire » pour la santé publique.
Ce bannissement, note l’organisme, coupe l’herbe au pied d’une industrie qui a trouvé un nouveau filon. En effet, avec la baisse du tabagisme classique dans les pays développés, les sachets et produits nicotiniques constituent « le nouvel Eldorado financier des cigarettiers », selon l’ACT. En 2023, le marché mondial des pouches était évalué à 6,6 milliards de dollars. Il pourrait quadrupler d’ici 2032.
Une stratégie d’interdiction inefficace pour les fabricants
Évidemment, l’interdiction des sachets de nicotine ne plaît pas aux buralistes et aux fabricants. D’abord les industriels. British American Tobacco France dénonce une décision française dogmatique en l’absence de concertation. Philip Morris France, lui, estime que « la stratégie d’interdiction est inefficace » et totalement arbitraire. De leur côté, les buralistes évoquent « une victoire pour les trafics » et « le marché parallèle ».
Mais les associations de lutte contre le tabac balaient toutes ses pleurnicheries du revers de la main car il s’agit avant tout d’une question de santé publique. Le CNCT (Comité national contre le tabagisme) affirme qu’il « restera vigilant pour que cette interdiction soit appliquée avec rigueur et qu’aucun espace ne soit laissé à ces pratiques indignes ». Car, explique-t-il, les cigarettes électroniques jetables et les puffs sont encore largement accessibles via certains réseaux (boutiques, bazars et réseaux sociaux), malgré leur interdiction.