Le manque d’informations et d’études concernant la santé au travail est problématique. En effet, seules des données scientifiques permettent la mise en place d’actions de prévention et d’amélioration des conditions de travail.
C’est en substance ce que souligne le professeur William Dab dans son éditorial présentant les derniers chiffres édités par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Ainsi, il souligne : « Pour savoir où on veut aller, il faut savoir d’où on part. Aucune gestion rationnelle des risques sanitaires au travail n’est envisageable sans leur mesure. »
Et s’il est communément accepté dans de nombreux domaines que les prises de décision et les pratiques doivent reposer sur des preuves scientifiques et des données vérifiées, cette évidence l’est moins dans le domaine de la santé au travail. Le professeur William Dab explique d’ailleurs que : « […]l’intuition et l’expérience sont le plus souvent à l’origine des choix d’évaluation et de gestion des risques. »
Dépression, maladies respiratoires et exposition au solvant
Les dernières données de santé au travail publiées par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire sont donc les bienvenues dans un secteur qui manque cruellement d’informations. Trois études font ainsi l’objet d’une publication. La première soulignant les problèmes de dépression dans le monde agricole avec des chiffres lourds de sens : 21 % chez les femmes et 14,7 % chez les hommes. Les maladies respiratoires, comme l’asthme, par exemple, ont également été étudiées, montrant qu’elles sont plus présentes chez les salariés agricoles. Enfin, des données sur des salariés femmes en âge de procréer et exposées à des solvants oxygénés sont disponibles, montrant leur dangerosité sur les femmes et les fœtus.
En dehors des chiffres essentiels fournis par ces études, le professeur William Dab souligne l’importance de ces recherches qui permettent de valoriser des méthodologies et modèles à utiliser pour mieux analyser la santé au travail. Des outils qui : « ne sont quasiment pas mis en œuvre » dans les entreprises ou les services de santé au travail. Ils pourraient pourtant changer la donne en matière de connaissance, de prévention et d’amélioration des conditions de travail.