La question de l’ouverture du don du sang aux homosexuels masculins fait débat depuis maintenant plusieurs années. Saisi par la ministre de la santé, Marisol Touraine, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a rendu son avis mardi 31 mars et il préconise d’attendre avant de lever cette interdiction.
Un risque de transmission du VIH potentiellement plus élevé
Selon Jean-Claude Ameisen, président du CCNE, « en raison d’un manque de connaissances, lever la contre-indication pourrait entraîner une augmentation du risque de transmission du VIH pour le receveur ». Rappelons que les associations de défense des droits des homosexuels réclament depuis très longtemps la levée de l’interdit qu’ils perçoivent comme une sorte de discrimination.
Marisol Touraine est mobilisée pour ouvrir le don du sang aux homosexuels depuis juin 2012 mais elle veut d’abord avoir une « garantie absolue que cela n’apportera pas davantage de risques pour les receveurs ». Sur ce point, la décision du CCNE ne va pas dans le sens souhaité par la ministre car le Comité préfère ne pas se prononcer sur un nombre d’infections supposées liées à la levée de cette interdiction.
La vraie question que l’on doit se poser porte sur la confiance que l’on peut accorder aux déclarations faites par les donneurs lors des questionnaires précédant la collecte de sang. En effet, seul ce questionnaire permet d’évaluer si la personne a eu des comportements à risque et ainsi éviter une éventuelle contamination des receveurs.
Le besoin d’un changement de réglementation
Interrogée sur la question, la Cour de justice de l’Union européenne a rendu son avis mercredi 29 avril. Pour la Cour, la France devrait modifier sa réglementation et trouver le moyen de ne pas exclure de manière systématique les homosexuels du don du sang. « La Cour estime que même si la situation épidémiologique pourrait justifier l’exclusion totale de la population homosexuelle masculine, il faut vérifier qu’il n’existe pas d’autres moyens, moins contraignants, qui permettraient à certains homosexuels et bisexuels de donner leur sang ».
Avant de pouvoir ouvrir le don du sang aux homosexuels masculins il faudrait donc mettre en place des techniques efficaces de détection pour assurer le même niveau de protection de la santé des receveurs. Le gouvernement va d’ailleurs dans ce sens puisque Marisol Touraine avait annoncé le 12 avril dernier que le questionnaire remis aux donneurs de sang serait bientôt modifié. Finalement l’exclusion ne porterait plus sur l’orientation sexuelle du donneur mais sur des comportements à risques définis au préalable.
L’interdiction en question est en vigueur en France depuis 1983 et elle est justifiée par une plus forte présence du VIH au sein de la population homosexuelle masculine mais aussi par l’existence d’une période de dix jours durant laquelle le virus est indétectable dans le sang collecté.
Plusieurs alternatives sont évoquées pour remplacer cette interdiction. Comme l’a dit Marisol Touraine, la modification des questionnaires précédant le don peut être une solution. Certains mettent aussi en avant la mise en quarantaine des poches de sang pendant une vingtaine de jours. Le virus du SIDA deviendrait alors détectable. La méthode n’est pas encore complétement actée mais nous pouvons être certains que la législation va bientôt changer.