Le téléphone portable peut-il avoir des effets indésirables sur la santé ? Une question d’autant plus brûlante à l’heure où le smartphone est devenu incontournable chez les plus jeunes, comme le montre une étude réalisée par Celside Insurance.
On s’en doutait, les chiffres le confirment. Selon le baromètre de la Vie numérique réalisé par Celside Insurance avec l’Institut Harris Interactive, le smartphone est désormais un objet incontournable pour les Millennials. Les 18-35 ans sont tout bonnement suréquipés. D’après le baromètre, 99 % d’entre eux possèdent un ordinateur, 97 % un smartphone et 95 % une télévision.
Des équipements high-tech « massivement utilisés » : 64 % des Millennials utilisent leur ordinateur au moins 2 heures par jour, contre une moyenne nationale de 61 %. L’écart se creuse sur l’usage du smartphone. Les Millennials sont 63 % à lui consacrer au moins 2 heures par jour, contre 31 % en moyenne chez les Français. Ils sont même 30 % à l’utiliser au moins 4 heures, et 13 % plus de 6 heures par jour. Comment expliquer ce décalage ? Selon les résultats de l’enquête, les plus de 35 ans utiliseraient majoritairement leur smartphone pour des usages « classiques » (appels, SMS, recherches sur internet, travail…). Les Millennials, eux, s’en serviraient principalement pour des usages de loisir. Près de la moitié d’entre eux (48 %) l’utilisent au moins une fois par jour pour écouter de la musique, 38 % pour consulter leur compte bancaire, 37 % pour regarder des films ou des séries, 35 % pour prendre des photos ou des vidéos, 19 % pour faire leurs courses ou du shopping, 17 % pour faire de nouvelles rencontres et 16 % pour vendre des biens personnels.
Or, cet usage massif n’est pas sans susciter quelques interrogations, notamment chez les parents, qui se démènent pour réguler l’utilisation des téléphones portables de leurs enfants sans tomber dans l’interdiction pure et simple.
Effets délétères
Selon un rapport de Médiamétrie, publié en amont de la Journée mondiale pour un Internet plus sûr, en février dernier, les parents sont « tiraillés de toutes parts », voire « pris au piège de nombreuses pressions sociales ». Ce qui les conduit souvent à mettre en place des règles pour contrôler les usages numériques de leurs enfants.
L’interdiction du téléphone à table, l’extinction des appareils après 20h30 et le retrait du téléphone pendant une ou deux semaines lorsque les notes à l’école baissent comptent parmi les règles les plus répandues. De quoi pallier d’éventuels effets délétères ou lutter contre une possible addiction ? Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’université d’Ohio, la « nomophobie » (la peur d’être séparé de son téléphone) serait liée à des sentiments généraux d’insuffisance et d’infériorité ainsi qu’à des comportements obsessionnels-compulsifs.
Si la question des effets indésirables de l’usage des smartphones fait l’objet de débats intenses, les spécialistes sont plutôt d’accord pour dire que plus les enfants utilisent ce genre d’outils, plus les risques augmentent. Le smartphone pourrait rendre intolérant aux incertitudes (parce que « je peux tout avoir à portée de main »), faire baisser la confiance en soi, miner la capacité à se concentrer, perturber les cycles du sommeil ou encore provoquer une sorte de « jet lag social ».
C’est l’utilisation qui compte
Pourtant, le smartphone ne serait pas dépourvu d’intérêts. Selon un rapport de l’Unicef, l’utilisation des technologies numériques par les enfants peut également avoir de nombreux effets positifs. L’utilisation d’un smartphone pourrait notamment augmenter le sentiment d’être en lien avec ses camarades, réduire la sensation d’isolement et favoriser les amitiés existantes.
Alors, comment partager le vrai du faux ? Pour Francis Eustache, chercheur à l’Inserm en neuropsychologie et imagerie cérébrale, « l’utilisation d’un écran en soi n’est pas dangereux, c’est l’utilisation intempestive qui en est faite ». D’où l’importance de « discuter avec son enfant de ce qu’il fait avec son smartphone, de ce qu’il y trouve et de ce que cela lui procure ». Les parents les plus inquiets ont également intérêt à découvrir les astuces pour combattre les usages abusifs, telles qu’instaurer des plages horaires sans écrans, mettre son téléphone en mode silencieux, désactiver les notifications, passer son écran en noir et blanc afin d’être moins attiré par les images et bien sûr, trouver des activités à réaliser en famille loin des écrans (sport, lecture, marche, jeux de société…).