Le gouvernement français s’attaque à un dossier explosif : la maîtrise des dépenses de santé. Face à une croissance économique revue à la baisse pour 2024, il annonce une série de mesures visant à réaliser 10 milliards d’euros d’économies. Le secteur de la santé, historiquement gourmand en ressources, est en première ligne de ce plan d’amaigrissement budgétaire.
Coup de rabot sur les remboursements
Les Français devront s’attendre à une prise en charge moindre de leurs frais médicaux. Le gouvernement prévoit une baisse des remboursements, notamment pour les soins dentaires, un poste important du budget santé des ménages. Autre mesure impopulaire : l’augmentation des franchises médicales, ces montants non remboursés par la Sécurité Sociale sur les médicaments et les consultations. Ces hausses, couplées à la récente augmentation de la franchise sur les boites de médicaments (qui passera à 1€ le 31 mars), visent à responsabiliser les patients et limiter le recours aux soins non essentiels.
Les transports médicaux, une cible inédite
Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, s’attaque à un nouveau poste de dépenses : les transports sanitaires. Actuellement, l’intégralité de ces transports, représentant une facture annuelle de 5,7 milliards d’euros, est prise en charge par la Sécurité Sociale. Cette manne financière est remise en question par le gouvernement, qui s’interroge sur sa soutenabilité. L’augmentation du recours aux transports médicaux, liée au vieillissement de la population et à la hausse des affections longue durée (ALD), pèse lourdement sur les finances publiques.
Les ALD, un casse-tête à plusieurs faces
Les affections longue durée sont un autre terrain d’économies potentielles exploré par l’exécutif. Modifier la liste des ALD, qui ouvre droit à un remboursement intégral de nombreux soins, s’annonce toutefois difficile politiquement. Une piste alternative pourrait consister à moduler la prise en charge des soins annexes aux ALD, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas directement liés à la pathologie elle-même.
Un équilibre fragile à trouver
Ces mesures d’économies suscitent d’ores et déjà des craintes. Une baisse des remboursements pourrait pénaliser les patients les plus fragiles, ceux qui ont le plus besoin de soins. Le gouvernement devra donc trouver un équilibre subtil entre la maîtrise des dépenses de santé et la garantie d’un accès égal aux soins pour tous les Français. Ce bras de fer autour de la santé, un pilier de l’État-providence français, promet d’être âprement disputé.