Alors qu’une centaine de pays sont réunis à Genève, en Suisse, pour trouver un accord sur un traité international contre le plastique, scientifiques et ONG continuent d’alerter sur les dangers de cette matière très utilisée. Perturbation du système reproducteur, inflammation du côlon, fibrose du foie, infections respiratoires et maladies du cœur….La liste des pathologies est longue.
Depuis le mardi 5 août, et ce jusqu’au jeudi 14 août, les représentants de 170 pays et des ONG sont réunis à Genève, en Suisse, pour tenter de trouver un accord sur un traité international contre le plastique, après l’échec des négociations de Busan, en Corée du Sud, en décembre 2024. Les discussions restent difficiles, entre partisans du simple recyclage et défenseurs d’une réduction du plastique à la source, avec en toile de fond les lobbies du pétrole, hydrocarbure servant à fabriquer le plastique.
Le volume de plastique produit augmente de façon exceptionnelle
Et pourtant il urge de stopper la production de cette matière toxique, mais ô combien répandue. La quantité produite dans le monde ne cesse d’augmenter de manière exponentielle. Elle est passée de 2 millions de tonnes en 1950 à 475 millions de tonnes en 2022, dont la moitié à usage unique. Moins de 10% des déchets plastiques fait l’objet de recyclage. Le reste fini dans les incinérateurs et surtout dans la nature (eau et sol), alors que ces composants mettent des décennies à se décomposer. Résultat : le plastique pollue l’environnement et les êtres vivants pendant plusieurs années, voire décennies, avec ses 16 000 substances chimiques. Aujourd’hui, nous sommes cernés par cette pollution.
Des microplastiques présents dans les eaux
Des études ont permis de détecter des microplastiques dans les cours d’eau et les nappes phréatiques, et donc dans l’eau potable… Selon des travaux du CNRS et de l’Université de Toulouse, 98% des microplastiques présents dans l’eau potable échappent toutefois aux détections actuelles en raison de leur petite taille. Ces minuscules fragments (inférieurs à 5 millimètres) peuvent traverser la barrière intestinale et atteindre le système circulatoire ainsi que divers organes, dont le foie, les poumons et les reins.
…mais aussi dans les sols et l’air
Les microplastiques pénètrent également la terre. Ils contaminent donc le sol, les plantes et les cultures qui finissent en produits alimentaires dans nos assiettes. Une fois ingérés, ils s’introduisent dans les cellules et entrainent des pathologies. Par exemple, ils peuvent perturber le système reproducteur, provoquer une inflammation du côlon, une fibrose du foie, une infection des reins, des poumons et du cœur. On retrouve en outre ces éléments dans l’air et dans les nuages. Une étude menée par des scientifiques japonais et publiée en septembre 2023 a permis de les détecter pour la première fois dans ces environnements. Les chercheurs évoquent des « pluies de plastique », provenant notamment de rejets industriels et d’incinérateurs.
Des traces de plastique retrouvées dans le cerveau
Leur présence dans l’air entraîne logiquement leur inhalation par les animaux et les hommes. Nous inhalons jusqu’à 30 millions de particules plastiques par an. Ces matières se retrouvent dans les poumons, le côlon, la peau, le sang, les testicules, le placenta et même le cerveau. D’après une étude publiée dans Nature Medecine début 2025, un cerveau pourrait contenir l’équivalent d’une cuillère à café de microplastiques ! Ce qui signifie que 0,5 % de la masse du cerveau serait constituée de plastique. Les effets de cette présence font encore l’objet de recherches.
Les lobbies des hydrocarbures bloqueraient les législations contre le plastique
Face aux risques potentiels pour l’environnement, les animaux et les êtres humains, associations et scientifiques appellent à l’interdiction pure et simple des plastiques. Cette interdiction est d’autant urgente que nous utilisons au quotidien le plastique à travers divers produits : emballages, bols, bouteilles, etc. Des ONG ont alerté cette semaine sur les dangers des bouteilles plastique, deuxième déchet le plus trouvé dans les eaux mondiales. D’après l’association No plastic in my Sea, qui cite une étude scientifique, il y a jusqu’à 240 000 microplastiques dans 1L d’eau embouteillée. Énorme ! Alors qu’attend-t-on pour agir ? Les défenseurs de la nature accusent les lobbies des hydrocarbures de dicter les politiques dans le monde à coup de sous…