Nanoplastiques : une nouvelle étude confirme leur toxicité pour les cellules du placenta

Une équipe Inserm de l’université Paris-Cité vient de confirmer, in vitro, que les nanoplastiques sont toxiques pour les cellules du placenta humain. En pénétrant les cellules placentaires, ces substances induisent une réponse inflammatoire et perturbent le fonctionnement cellulaire, notamment la production. Comme l’expérience a été menée uniquement sur le polystyrène et pendant 48h, la prochaine étape consistera à analyser l’effet d’autres types de nanoplastiques, ainsi que les conséquences d’une exposition plus longue.

Polyuréthane, polypropylène, polyéthylène ou encore polystyrène. Les matières plastiques ont aujourd’hui envahi notre quotidien et notre environnement car peu coûteuses et légères. Si on soupçonnait peu leur toxicité, de récentes études ont prouvé qu’elles pouvaient représenter un danger pour l’environnement. En effet, en se dégradant dans les sols et les eaux, ces matériaux libèrent des nanoparticules toxiques.

La pollution plastique touche les êtres humains au quotidien

Mais cette toxicité ne se limite pas à la nature. Elle touche aussi les êtres vivants, notamment les humains. Outre la contamination des cours d’eau et des sols, les matières plastiques sont également présentes dans les bouteilles d’eau, les emballages d’aliments, les couverts et la vaisselle. Ainsi, les êtres humains les ingèrent au quotidien, avec les substances nocives qu’elles contiennent. D’après un chiffre publié en 2020, on en avalerait chaque semaine jusqu’à 5 grammes.

Des nanoplastiques retrouvés dans le placenta

Des plastiques ont été retrouvés dans de nombreux tissus du corps humain, dont l’intestin, les reins, les poumons et même le placenta. Ce qui signifie que le fœtus est aussi soumis à cette pollution. Le placenta est un organe éphémère qui joue un rôle central pour le bon développement du fœtus. Formé à partir de cellules embryonnaires, il produit des hormones comme la b‑hCG, indispensable au bon déroulement de la grossesse. Cet organe permet en outre l’approvisionnement du fœtus en oxygène et en nutriments, et forme une barrière qui le protège des infections et de certaines substances toxiques.

L’équipe Inserm de l’université Paris-Cité va plus loin que les études précédentes

Mais des études conduites dans plusieurs pays indiquent que les nanoplastiques peuvent franchir cette barrière et contaminer le placenta humain. Ces travaux ont utilisé des lignées de cellules placentaires capables de se diviser indéfiniment. C’est une méthode courant et pratique, mais qui ne reflète pas avec précision le comportement et le fonctionnement des cellules placentaires in vivo. Pour aller plus loin, une équipe Inserm de l’université Paris-Cité a décidé, pour la première fois, de travailler avec des cellules isolées à partir de placentas humains prélevés lors d’accouchements.

Les nanoplastiques perturbent le fonctionnement cellulaire,

Ces scientifiques ont pu prouver, in vitro, que des particules nanométriques de polystyrène sont toxiques pour les cellules placentaires humaines. En y pénétrant, note-t-ils, les nanoplastiques induisent une réponse inflammatoire et perturbent le fonctionnement cellulaire, notamment la production de la b-hCG. Cette hormone est indispensable au bon déroulement de la grossesse. Pour arriver à sa conclusion, l’équipe de l’Inserm a exposé les cellules placentaires à des particules de polystyrène de 20 ou 100 nanomètres (nm), dans une gamme de concentrations équivalentes à celles retrouvées dans le sang, soit 1 à 10 microgrammes par millilitre (µg/mL).

Les nanoplastiques de petite taille se dispersent plus rapidement dans le corps

Dans les 48 heures suivant l’exposition, les chercheurs ont analysé un grand nombre de paramètres associés à l’état et au fonctionnement des cellules placentaires. Les résultats obtenus montrent que la réponse de ces cellules varie selon la taille et la dose des particules auxquelles elles sont exposées. Il a été constaté que les nanoplastiques de petite taille (20 nm) se dispersent plus rapidement dans le corps et sont plus toxiques que ceux de plus grande taille. Et cela s’observe dès la plus faible concentration testée (1 µg/mL).

Une réaction pro-inflammatoire dans les deux cas

Cependant, les deux tailles de particules induisent une réaction pro-inflammatoire et, surtout, une diminution de la sécrétion de la b‑hCG. L’Inserm souligne dans un communiqué que ses travaux confirment « un impact délétère des nanoplastiques sur la fonction endocrine des cellules placentaires humaines ». Face à ces conclusions, l’équipe de chercheurs se demande si les nanoplastiques ne sont pas des perturbateurs endocriniens.

Analyser l’effet d’autres types de nanoplastiques

Avant d’apporter une réponse définitive à cette question, les scientifiques doivent franchir une autre étape. Ils devront analyser l’effet d’autres types de nanoplastiques que le polystyrène, ainsi que les conséquences d’une exposition plus longue des cellules placentaires. Pour cette nouvelle étude, les chercheurs utiliseront des fragments de placenta humain placés en culture afin de mimer une exposition chronique à ces polluants. Ils prévoient également d’étudier les taux de contaminations des placentas humains et de rechercher de possibles associations entre ces éléments et des problèmes d’origine placentaire.