La lutte contre le terrorisme a des effets très surprenants. Elle est, actuellement, la raison d’un désaccord entre deux ministères, celui de l’Éducation et de celui de la Santé. En cause, la cigarette au lycée !
La sécurité avant tout, ce que dit le ministère de l’Éducation
Dans le cadre de la mise en sécurité des élèves au sein de la lutte anti-terroriste, le ministère de l’Éducation a publié la circulaire n°2015-206 qui indique : « En lycée, des zones spécifiques peuvent être aménagées au sein des établissements scolaires dans les espaces de plein air pour éviter que les élèves ne sortent du lycée pendant les interclasses ».
Les directeurs de différents établissements ont donc créé des zones fumeurs pour les élèves. En effet, ces derniers, ne pouvant pas normalement fumer à l’intérieur de l’enceinte du lycée, forment des attroupements devant les portes de leurs écoles, ce qui va à l’encontre des recommandations de cette circulaire.
Pour la sécurité des élèves, certains directeurs de lycée deviendraient donc plus tolérants en matière de lutte anti-tabac, soutenus par cette circulaire, qui même si elle ne le spécifie pas clairement, incite à ce genre d’interprétation.
La santé avant tout, ce que dit le ministère de la Santé
Mais du côté du ministère de la Santé, on ne l’entend pas de cette oreille. En effet, il est interdit aux élèves de fumer dans les établissements pour plusieurs raisons.
La première, évidemment, est celle de ne pas les inciter à fumer plus. En étant obligés de quitter l’établissement pour fumer, certains d’entre eux fument moins. Autre raison, les élèves fumeurs ne sont pas en contact avec les élèves non-fumeurs. Ils se regroupent devant leur lycée, entre eux. Cela évite d’influencer ceux qui ne sont pas tombés dans le piège de la cigarette.
Cette décision du ministère de l’Éducation fait donc grincer des dents les membres du ministère de la Santé. Ils rappellent l’interdiction formelle de fumer dans tous les espaces couverts et non couverts des établissements scolaires, publics et privés, soulignée par le décret du 15 novembre 2006.
Un lycée laissant fumer ses élèves à l’intérieur de l’enceinte de l’établissement encourt une amende allant de 135 à 750 euros. L’élève, quant à lui, peut payer une amende de 450 euros.
De nombreuses réactions des anti-tabac
Le débat ne reste pas au niveau des deux ministères, il s’étend également aux parents d’élèves et aux associations anti-tabac. Ainsi, l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA) indique à ce sujet : « Rien ne doit faciliter l'entrée des jeunes dans le tabagisme, qui tue un fumeur sur deux et 200 personnes chaque jour, un risque majeur incomparablement plus élevé que celui lié à la menace d'une attaque terroriste contre un lycée ».
Quant à Michèle Delaunay, ancienne ministre, et présidente d’Alliance contre le tabac, la solution est simple : interdire aux élèves de fumer dans l’enceinte de leur établissement et leur défendre toutes sorties du lycée pendant les pauses !