Cette nuit, l’Hémicycle a écorné la loi Evin, en refusant de revenir sur un amendement du Sénat faisant la distinction entre publicité et information sur l’alcool, et ce contre l’avis du gouvernement.
Le retour des publicités sur l’alcool à la TV ?
« Le vote de cette nuit est un coup dur porté à la santé publique. Je regrette que la loi Macron serve à détricoter la loi Evin […] Cet équilibre entre les intérêts de santé publique et les intérêts économiques fonctionnait bien. Il ne fallait pas y toucher. » C’est en ces mots que Marisol Touraine, ministre de la Santé, regrette amèrement la décision des députés. « On ne doit pas pouvoir parler d’un produit qui a un effet néfaste sur la santé publique comme on parlerait de produits de consommation courante », a renchéri Claude Evin sur BFMTV Claude Evin, qui a porté le texte en 1991.
L’amendement qui crée la discorde fait la distinction entre « publicité » sur les boissons alcoolisées et « information » ; dans le but de protéger les journalistes qui voudraient réaliser des reportages – notamment sur le vin, un sujet sensible en France – et voir leurs enquêtes censurées, en vertu de la loi Evin. Une mesure prise dans de très rares cas depuis la création de cette loi …
Le lobby viticole derrière tout cela ?
Il y a un mois, le sénateur de la Gironde, Gérard César, proposait de mieux faire la distinction entre publicité et information sur les boissons alcooliques, dans le cadre d’une loi Macron. Et le député du même département, Gille Savary, approuve : cette distinction vise à « éviter que, dans notre pays, dont la tradition viticole ancestrale s’est fortement imprimée dans la culture, et désormais dans notre économie et dans les rares succès de notre commerce extérieur, il devienne risqué pour un journaliste, un cinéaste ou un romancier d’évoquer nos produits vinicoles ou d’y faire référence. » C’est ce même sénateur qui avait signé par ailleurs le manifeste du groupe d’intérêt viticole, comme le prouve une enquête de France Télévisions.
De leur côté, des associations de prévention (la Mutualité française et l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) se sont déclarées « outrées » et « scandalisées » par cette « disposition honteuse » de la loi Macron, votée en commission et qui permet donc de débrider la publicité sur l’alcool.