Tout au long de ces 15 années de pratique, j'ai pu observer le phénomène de "désertification médicale" de nombreuses zones rurales. Les médecins sont vieux, et les jeunes refusent de s'installer à la campagne.
Plusieurs facteurs explicatifs peuvent être avancés.
Tout d'avord, le vieillissement de la population médicale : nombre de praticiens atteignant l'âge de la retraite ferment leur cabinet faute de successeur. En effet, le numérus clausus (limitation du nombre de nouveau médecins formés) mis en place au début des années 80 a engendré une situation de déséquilibre entre le nombre de médecins installés et le nombre de jeunes médecins formés chaque année.
De ce fait, il n'y a plus assez de médecins nouvellement diplômés pour répondre aux besoins de leurs confrères installés, qu'il s'agisse de se faire remplacer en cas de congés ou maladie, de renforcer les effectifs du cabinet en cas de surcharge d'activité, ou encore d'assurer sa succession en cas de départ à la retraite.
D'autre part, on remarque un glissement progressif de la pratique de la médecine libérale en cabinet privé vers une médecine hospitalière. De plus en plus de praticiens délaissent leur cabinet pour prendre un poste à l'hôpital et bénéficier ainsi d'horaires encadrés (35H par semaine), de congés réguliers, de RTT…
Cela répond au désir de plus en plus affirmé de concilier vie professionnelle et vie familiale, ce que permet difficilement une pratique en cabinet libéral en campagne, notamment en milieu "isolé" où les confrères sont peu nombreux.
En effet, la pratique de la médecine rurale va de pair avec gardes et astreintes (nuits et WE) pour les praticiens. La médecine de ville quant à elle permet aux médecins de confier leurs gardes à des systèmes relais types SOS Médecins,
Le fait est que la mentalité des jeunes médecins diffère de celle de leurs aînés. Les exigences ne sont plus les mêmes. La profession se féminise. Il y a le désir de "préserver" sa vie personnelle et familiale, d'avoir une vie en dehors de son cabinet. D'où l'exigence d'une pratique différente, la recherche d'un cadre de travail plus souple, moins contraignant.