Une pétition lancée par une étudiante le 10 juillet contre la loi Duplomb, jugée problématique pour l’environnement et la santé, avait recueilli mardi plus de 1,6 million de signatures sur le site de l’Assemblée nationale. C’est un record qui pourrait motiver l’organisation d’un débat public devant l’Assemblée nationale.
Éléonore Pattery, étudiante de 23 ans, a lancé le 10 juillet une pétition contre la loi Duplomb. Ce texte, qui vise à lever les contraintes agricoles avec notamment la réintroduction de pesticides contestés, fait l’objet de critiques et de manifestations depuis plusieurs jours. Il a été adopté le 8 juillet dernier à l’Assemblée nationale par 316 voix pour et 223 contre.
La pétition contre la loi Duplomb a recueilli plus de 1,6 millions de signatures
Onze jours après son lancement sur le site de l’Assemblée nationale, la pétition baptisée « Non à la Loi Duplomb – Pour la santé, la sécurité, l’intelligence collective » avait recueilli mardi à midi plus de 1,6 million de signatures. Un record pour la plateforme depuis sa création en 2019. La pétition la plus massive jusqu’alors était celle contre la Brav-M, brigade de policiers motorisés de répression de l’action violente, qui avait récolté seulement 260 000 signatures. Soit moins de six fois le nombre de signatures enregistrées par la pétition de l’étudiante à la date de mardi 22 juillet 2025.
Le Conseil constitutionnel doit se prononcer avant le 10 août
Une pétition déposée sur le site de l’Assemblée nationale doit réunir au moins 500 000 signatures de Français de plus de 18 ans et être issues d’au moins 30 départements pour obliger l’hémicycle à organiser un débat en séance publique. L’objectif est largement dépassé pour l’action d’Éléonore Pattery. Ce sera une première sous la Ve République, si ce débat public avait lieu. Mais la loi Duplomb doit encore passer devant le Conseil constitutionnel pour validation. L’institution garante de la loi fondamentale rendra son verdict avant le 10 août. Le président Emmanuel Macron pourra ensuite promulguer la loi ou s’y refuser.
Des agriculteurs réclament la réintroduction de pesticides
Pour les personnes intéressées, la pétition est à retrouver sur : Non à la Loi Duplomb — Pour la santé, la sécurité, l’intelligence collective. – Non à la Loi Duplomb — Pour la santé, la sécurité, l’intelligence collective. – Plateforme des pétitions de l’Assemblée nationale. Elle vise en particulier à supprimer la réintroduction des pesticides, dont l’acétamipride. Cet insecticide de la famille des néonicotinoïdes est interdit depuis 2018 en France mais autorisé en Europe jusqu’en 2033, malgré sa toxicité prouvée.
On sait aujourd’hui qu’il est nocif pour les pollinisateurs, comme les abeilles, mais également pour les humains car il perturbe le système nerveux chez les enfants et affecte le fœtus, entre autres nuisances. Malheureusement, les producteurs de betteraves et de noisettes le réclament, estimant n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et la concurrence étrangère.
La pétition contre la loi Duplomb, une manipulation de l’extrême-gauche ?
Interrogée par France Info sur la suite du processus législatif, la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet s’est dite « favorable » à l’organisation d’un débat pour clarifier quelques points. Toutefois, assure-t-elle, le Conseil constitutionnel ou le président de la République « ne pourra en aucun cas revenir sur la loi votée ». La députée des Yvelines explique que le texte pourra « sauver un certain nombre de nos agriculteurs ».
De son côté, le sénateur de droite Laurent Duplomb, qui porte cette loi, pense que « ce système de pétition est fait pour mettre de la pression au Conseil constitutionnel et espérer qu’il ne valide pas la loi ». Il espère que cela n’arrivera pas. Quant au député RN de Vaucluse, Hervé de Lépinau, il croit que le million de signatures contre la loi Duplomb est le résultat d’une manipulation de l’extrême-gauche.
Les Macronistes demandent un avis de l’Anses sur la loi Duplomb
Face à la mobilisation citoyenne inédite contre la loi Duplomb, certaines voix au sein du camp présidentiel préfèrent se tourner vers les experts. Ils appellent à saisir l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pour avoir un avis scientifique sur ce texte décrié pour son impact environnemental et sanitaire.
« Mon souhait, c’est que ce débat puisse être orienté avant tout par la science. L’Anses doit pouvoir produire un avis » qui servirait de « boussole », a déclaré Gabriel Attal, le patron du parti présidentiel Renaissance et chef de file des députés macronistes. De leur côté, les ONG environnementales ont écrit à Emmanuel Macron pour lui demander de ne pas promulguer le texte. Plusieurs ont déjà prévenu qu’elles déposeraient des recours dans le cas échéant.