En Syrie, le système de santé publique est gravement menacé. Entre attaques systématiques contre les établissements sanitaires, meurtres et persécutions du personnel soignant, la situation se détériore de jour en jour.
Des soignants tués, des hôpitaux bombardés…
The Lancet a publié le travail effectué par l’université américaine de Beyrouth qui a analysé les conséquences de la guerre en Syrie sur le système de santé publique du pays. Les résultats sont à la mesure du conflit qui dure depuis 6 ans : tragiques !
Ainsi, on apprend que les soignants et les hôpitaux sont des cibles privilégiées. 814 professionnels de la santé ont été tués et 199 attaques contre des centres de santé et des hôpitaux ont été orchestrées en 2016 contre 91 en 2012. Certains d’entre eux sont totalement détruits comme l’hôpital souterrain M10 qui a été attaqué 19 fois avant de fermer définitivement ses portes.
Se faire soigner ou soigner au risque de sa vie
On se souvient du témoignage de Amany Qaddour, directrice régionale de Syria Relief and Development (SRD) qui indiquait que, dans un tel contexte, la population était effrayée par l’idée de se faire soigner. Entre les attaques des établissements sanitaires et les contrôles durant lesquels les risques d’arrestation sont réels, les habitants refusent de se faire soigner.
À cela, vient s’ajouter le témoignage du Dr Jean-François Corty, directeur des opérations internationales pour Médecins du monde, qui souligne la persécution que peuvent subir les soignants : « Être soignant, c’est être suspect. La pression psychologique est énorme. On est une cible au même titre qu’un militaire, on peut être arrêté, dénoncé et bombardé, quotidiennement sur son lieu de travail. Le droit humanitaire n’est absolument pas appliqué ».
L’étude du Lancet souligne, d’ailleurs, que 15 000 professionnels de la santé ont fui la Syrie entre 2011 et 2015 et qu’aujourd’hui, il ne reste plus que 1 médecin pour 7 000 patients dans la partie orientale d'Alep. Une situation qui va continuer à s’aggraver dans les prochains mois…