Sida : vives inquiétudes autour de la réduction des financements dans la lutte contre le virus

A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le VIH, le Conseil national du Sida (CNS) a tiré la sonnette d’alarme sur la réduction des financements dans la lutte contre le virus. Cette baisse des moyens, explique-t-il, engendre des difficultés de prévention et d’accès aux soins. Le CNS appelle à « une remobilisation urgente des pouvoirs publics », alors que la séropositivité augmente chez les jeunes.

Le lundi 1er décembre, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le VIH, le Conseil national du Sida (CNS) a alerté sur la baisse des financements publics dans la lutte contre le virus. Dans un communiqué publié ce jour là, l’organisme note qu’« au cours des derniers mois, le paysage de la lutte contre le VIH/Sida a été profondément fragilisé en France et à l’international, avec la réduction des financements publics ». Cette baisse notable des moyens financiers alloués aux associations, relève-t-il, engendre des difficultés croissantes d’accès à la prévention et aux soins des personnes malades, et se traduit aussi par la disparition de structures locales ou régionales.

Une réduction des contributions des principaux donateurs au Fonds mondial de lutte contre le VIH/Sida

Le CNS souligne aussi qu’en France, les dispositifs d’Aide médicale d’Etat (AME) et de droit au séjour pour raisons médicales sont régulièrement menacés de restrictions. À l’international, il rappelle qu’il y a eu une réduction des contributions des principaux donateurs au Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, en particulier de la part des États-Unis. Lors de la dernière conférence de reconstitution des ressources de ce fonds, le 21 novembre, les versements promis n’atteignaient que 11,3 milliards de dollars, alors que les besoins sont estimés à 18 milliards.

Une baisse de l’usage du préservatif chez les jeunes

« Cette réduction budgétaire menace directement les programmes de lutte contre le VIH et pourrait provoquer une hausse de plusieurs millions d’infections par le VIH et de décès évitables dans les pays à ressources limitées », avertit le CNS. Selon l’organisme « ces menaces mettent également en péril les progrès accomplis depuis quarante ans » contre l’épidémie. Il s’inquiète de la situation d’autant que les autorités sanitaires constatent un bond des découvertes de séropositivité chez les 15-24 ans depuis une dizaine d’années. Mais pas que. Il y a aussi une baisse de l’usage du préservatif chez les jeunes, des recours insuffisants à la prophylaxie préexposition (PrEP), et une hausse des risques de contamination par le chemsex (le sexe sous drogue).

Des remèdes prometteurs existent contre le Sida 

Dans ce contexte, le Conseil national du Sida appelle à « une remobilisation urgente des pouvoirs publics », qui permettra de garantir « l’égalité des droits et de lutter contre les inégalités d’accès à la prévention et aux soins ». La prophylaxie préexposition (PrEP), autorisée par l’OMS depuis 2015, est un médicament (en comprimé ou injectable) contre le VIH, qui se prend avant un rapport sexuel à risque ou une potentielle exposition au virus.

Le PrEP associe deux molécules qui inhibent des enzymes indispensables au bon fonctionnement du VIH (ténofovir – ou TDF – et emtricitabine – ou FTC). Son efficacité a été prouvée dans des pays comme l’Afrique du Sud. D’autres médicaments suscitent de grands espoirs pour limiter la transmission, et ils sont toujours en cours d’expérimentation. À côté de ces traitements, il existe depuis longtemps les antirétroviraux, qui ne préviennent pas contre le virus mais limitent sa propagation.