Chaque année, les Français passeraient entre 70 et 90 millions de radiographies. Si le développement de l'imagerie médicale a permis à la médecine de progresser à vitesse grand V en améliorant le diagnostic délivré aux patients, cette technologie inquiète encore. Des craintes qui ne tiennent pas compte de l'encadrement législatif et du contrôle strict entourant ces pratiques dans l'Hexagone.
Une exposition à la radioactivité inoffensive
Inventée il y a un peu plus d'un siècle, la radiographie a révolutionné la médecine et s'est imposée aujourd'hui au cœur de notre système de santé comme un outil indispensable à la prise en charge des patients. Scanner, radiographies, mammographie, etc. On estime en moyenne qu'un examen d'imagerie médical par personne est réalisé dans le monde tous les ans. En France, le nombre d'actes de radiologie croit chaque année de 8 %.
Cette technologie utilise les rayons X afin de pouvoir établir un diagnostic médical. Ces techniques d'imagerie exposent donc notre corps à des radiations ionisantes, des radiations qui sont régulièrement montrées du doigt par des études sensationnalistes qui accusent les examens radiologiques d'être responsables de milliers de cancers chaque année à travers le monde. Ces rapports, en plus d'orienter bien souvent leurs résultats en optant pour une méthodologie discutable, nourrissent les inquiétudes d'un inconscient collectif déjà très sensible aux problèmes de santé publique.
Affirmer qu'effectuer un scanner ou une radiologie est dangereux pour la santé est médicalement faux. Certes, passer un de ces examens accentue l'exposition de notre corps à la radioactivité mais la dose minime de rayonnements ionisants auquel est confronté le patient lors de l'acte est considéré tout bonnement comme inoffensive.
« Il ne faut pas craindre la radioactivité. L'espèce humaine est née dans un bain de radioactivité naturelle qui était beaucoup plus important qu'aujourd'hui. Un scanner n'a pas de conséquence sur la santé au regard des doses infinitésimales appliquées dans ce cadre », rassure Pierre BEY, Professeur de Cancérologie et Radiothérapie à l'Institut Curie.
Chaque année, la dose moyenne d'exposition naturelle en France serait de 2, 4 millisiviert (mSv) par personne, elle est de 0,02 mSv lors d'une radio dentaire, un risque semblable à celui encouru en fumant une cigarette. 70 % des doses que nous recevons quotidiennement proviennent de notre environnement naturel, les 30 % restantes venant de l'exposition artificielle et en particulier, de celle à usage médical.
L'impact négatif de l'imagerie médicale sur le patient apparaît donc lorsque les examens sont effectués à répétition. C'est la raison pour laquelle chaque fois qu'un examen est prescrit par le médecin, il l'est généralement de manière justifiée, dans l'objectif de définir ou changer la prise en charge thérapeutique du patient.
Des pratiques médicales réglementées
La justification d'un examen d'imagerie médicale est soumise à un cadre réglementaire strict, défini par la directive européenne 97/43 Euratom. En France, cette réglementation est notamment régie par le décret du 24 mars 2003, texte qui fait apparaître les notions de justification et d'optimisation dans le Code de la santé publique.
Des niveaux de référence diagnostiques ont également été définis par l'arrêté du ministre de la Santé du 12 février 2004. « Ces niveaux constituent des références pour optimiser les doses délivrées aux patients et pour évaluer, dans chaque centre de radiologie et de médecine nucléaire, et pour les principaux types d'examens réalisés, l'efficacité des procédures mises en œuvre par les professionnels. » explique l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Les recommandations à prendre lorsqu'on envisage d'effectuer des scanners et des radiographies résident donc principalement dans la fréquence appliquée à ces examens qui ne doivent en rien devenir automatiques. « On a l'habitude de dire que dans les sociétés modernes, la même qualité médicale pourrait être offerte avec 15 à 20 % des examens radiologiques en moins » déclare le Professeur Lacronique de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Ces pourcentages confortent encore une fois la notion de justification qui doit entourer la prescription de ces examens.