On sait que le diabète de type 2 entraîne infections et tumeurs chez les personnes qui en sont atteintes. Mais la question du pourquoi restait sans réponse jusqu'à ce que des chercheurs de l'Inserm trouvent la clé du mystère : la glycémie élevée de ces diabétiques impacte leur système immunitaire.
« La sensibilité des diabétiques aux infections est connue de longue date et elle est enseignée à tous les étudiants de médecine. Mais sa cause étant ignorée, les professeurs se contentaient souvent d'expliquer que les bactéries aimaient probablement le sucre », annonce Marie-Noëlle Peraldi, co-auteur des travaux.
« La sensibilité aux cancers, est une donnée plus récente. Deux études de cohortes ont montré que les diabétiques développent plus de cancers du côlon, de la thyroïde ou encore de la vésicule biliaire », ajoute-t-elle.
Pour percer le mystère, son équipe s'est intéressée aux cellules NK (pour « Natural Killer »), qui tiennent un rôle dans l'élimination des agents infectieux et des cellules tumorales.
Les scientifiques ont comparé les échantillons de sang de 51 diabétiques et de non-diabétiques. Résultat : deux sous-types de cellules NK (NKG2D+ et NKp46+) sous-représentés dans le sang des patients. Une déficience de lymphocytes : « La dégranulation ne se fait pas correctement. Cela signifie que ces cellules libèrent moins d'enzymes destinées à éliminer les cellules cibles », informe Marie-Noëlle Peraldi.
Il a aussi été observé que plus le taux de glycémie augmente, plus la quantité de ces cellules diminue, laissant entrevoir un lien de cause à effet entre la maladie et l'altération du système immunitaire. « Cela pourrait également expliquer pourquoi le risque septique est plus élevé en cas de diabète déséquilibré ou d'hyperglycémie aiguë », précise la chercheuse.
L'équipe de chercheurs a ensuite cherché à percer les déclencheurs de cette immunodépression. Les résultats n'ont pas été les mêmes selon le type de « Natural Killer » affecté : pour les cellules NKp46+, ils ont observé une baisse de l'activité du gène codant le récepteur du même nom.
Pour les cellules NKG2D+, un problème de repliement de la protéine éponyme a été mis en évidence au niveau d'un compartiment cellulaire appelé réticulum endoplasmique. De ce fait, la protéine NKG2D ne peut jouer les activateurs de défense contre les infections ou les cellules tumorales.
Avec les résultats obtenus de ces expérimentations médicales, les scientifiques bûchent sur une première piste thérapeutique pour pouvoir restaurer le patrimoine des « Natural Killer » chez les patients diabétiques.
« La piste est tout à fait expérimentale, mais elle pourrait s'avérer intéressante. L'idée est de pouvoir intervenir en cas de septicémie chez les patients en hyperglycémie », déclare Marie-Noëlle Peraldi.