Les prochaines discussions parlementaires autour de la politique migratoire inquiètent certaines associations, dont Médecins du Monde. En effet, ces débats pourraient remettre en cause l’Aide Médicale d’État (AME) dont bénéficient de nombreuses personnes démunies et sans-papiers.
Diminuer le panier de soins couverts par l’Aide Médicale d’État
Nathalie Godard, responsable du plaidoyer France chez Médecins du Monde, a répondu aux questions du Magazine de la Santé afin de préciser les inquiétudes de l’association à propos de l’AME. Elle rappelle que les personnes bénéficiant de cette aide vivent dans une grande précarité : « […]pour être éligible à l’AME, il faut gagner moins de 746 euros par mois. C’est vraiment un niveau de précarité très élevé. Ces personnes sont dans un état de vulnérabilité et de besoin de soins qui est très important. »
L’une des propositions pouvant alimenter le débat autour de l’Aide Médicale d’État serait de réduire le panier de soins couverts par le dispositif. Pourtant, ce panier de soins est déjà plus réduit que celui du régime général de la Sécurité Sociale. Il ne permet donc pas d’avoir accès à l’ensemble des soins, et notamment les soins de confort comme le rappelle Nathalie Godard : « […]c’est faux de dire que les soins de confort sont accessibles aux personnes bénéficiaires de l’AME ! L’absence de données très objectives sur l’AME alimente en fait beaucoup de fantasmes : il n’y a pas aujourd’hui de rapport sur l’état de santé des bénéficiaires ». Elle souligne également que : « […]dans nos centres de santé, les personnes éligibles à l’AME souffrent plus de pathologies infectieuses respiratoires, digestives ou cutanées qui sont liées à la précarité que parmi les patients d’un médecin généraliste. La tuberculose en fait partie. »
De son côté, le gouvernement se veut rassurant. Ainsi, un proche du Président indique dans le Journal du Dimanche : « Il n’y a pas, chez nous, la moindre volonté de remettre en question le principe de l’AME. Un citoyen en urgence médicale, on le soigne, même s’il est en situation irrégulière. Après, on peut regarder l’ensemble du panier de soins… ».
Il faut savoir que l’AME concerne, aujourd’hui, un peu plus de 300 000 personnes, en France, et qu’elle bénéficie d’une enveloppe de 930 millions d’euros en 2019, soit 0,5 % des dépenses de santé de l’État.