Deux ans après le projet de loi autorisant l'expérimentation des maisons de naissance, le gouvernement a publié samedi les règles au sujet de la mise en place de ces nouvelles structures.
Accoucher à la maison, un environnement plus humain
Comme à la maison ! Une chambre dans une maison de naissance, un environnement moins médicalisé, plus intimiste. Réclamées depuis les années 1990 par certaines sages femmes et patientes, les maisons de naissance feront l’objet d’expérimentations dans les mois à venir en France. Il y a deux ans les maisons de naissance ont obtenu le feu vert de l’Hémicycle et du Sénat. Un an plus tard, un décret publié au Journal Officiel fixe les conditions à remplir pour ces structures.
Selon la publication gouvernementale, seules les grossesses sans risques pourront intégrer la structure. Le texte explique que les sages-femmes devront gérer les maisons de naissance. Elles auront pour missions la prise en charge des accouchements mais aussi de faire le lien avec les établissements de santé, en cas de complications. Au sujet des lieux d'implantation de ces maisons, le texte est clair, elles devront se situer à proximité d'un établissement de santé « autorisé à l’activité de soins de gynécologie-obstétrique. »
Si aucune péridurale ne sera proposée à la future maman, la structure devra obligatoirement faire réaliser une « consultation pré-anesthésique » dans l’établissement partenaire en cas de complications, et attester d’un effectif de sages-femmes « suffisant pour garantir la qualité et la sécurité de l’accueil et de la prise en charge des femmes enceintes inscrites ». Lors d'un accouchement, deux sages-femmes devront être présentes dans les locaux, notamment en cas de « situation d'urgence » nécessitant le transfert de la mère et de l'enfant. Enfin, la maison de naissance est tenue d'organiser les dépistages obligatoires pour tous les nouveau-nés – mucoviscidose, hypothyroïdie, etc. – et d'informer la mère sur le dépistage précoce de la surdité permanente néonatale.
La France à la traîne
Apparues dans les années 1970 aux États-Unis, elles existent dans les pays limitrophes de l'Hexagone – en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suisse – et sont réclamées depuis plus de vingt ans en France. Elles répondent « à la préoccupation d'un certain nombre de futures mères d'accoucher dans des conditions moins médicalisées », explique le sénateur Jean-Marie Vanlerenberghe lors du vote de la loi. « Sur les 800.000 femmes enceintes chaque année, elles seraient entre 3 et 5% à le souhaiter », ajoute-t-il.
En 2008, le Conseil national de l’ordre des sages-femmes plaidait également pour la mise en place de ces maisons de naissance en agitant notamment l’argument économique. « D'après les évaluations qui ont été faites, l'accouchement en maison de naissance serait, pour l'assurance maladie, moins coûteux en maison de naissance qu'à l'hôpital. Les maisons de naissance rencontrent un tel succès dans les autres pays qu'il n'y a pas de raison que ce mode de prise en charge ne fonctionne pas en France, même si ce serait une véritable révolution culturelle. » Le sénateur Jean-Marie Vanlerenberghe évaluait le coût d’un accouchement sans complication à 2000 euros à l’hôpital ; celui en maison de naissance à 600 euros.