Alors que l’épidémie liée au Coronavirus progresse, le profil des personnes susceptibles d’être le plus exposées aux effets du virus se précise. Parmi elles, on trouve les personnes atteintes de BPCO, une maladie pulmonaire chronique qui affecte 700 000 personnes en France dans sa forme la plus sévère, liée notamment aux méfaits du tabac. Aux Etats-Unis, les liens sont même avérés avec les nouveaux produits du tabac que sont le tabac à chauffer (Iqos, Glo, Ploom) et les cigarettes électroniques.
A l’heure où les bureaux de tabac français restent ouverts en pleine crise du Coronavirus, des associations de santé rappellent la gravité des affections engendrées par le tabagisme.
Parmi les nombreux lanceurs d’alerte à s’être exprimés ces derniers jours, l’association France BPCO a souhaité attirer l’attention sur un public particulièrement à risque : les patients atteints de broncho-pneumopathie obstructive chronique. Une pathologie méconnue et pas toujours diagnostiquée, qui se traduit par des bronchites chroniques pouvant aboutir à une obstruction progressive des voies respiratoires. En France, la maladie touche 5 à 10% de la population adulte, plus d’un demi-million de personnes dans sa forme sévère. Principale cause de cette affection irréversible : le tabagisme.
Comme le rappelle France BPCO, les patients atteints « étouffent déjà en permanence ». En cas d’épidémie de grippe, ils figurent souvent parmi les plus touchés. Au vu du profil médical de ces premières victimes, et avec toute la prudence requise par l’état de la recherche scientifique, le Covid 19 semble bien accentuer cette tendance.
L’association s’est fendue d’un communiqué au ton alarmiste pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur ce public hautement fragile : « Arrêtez de parler des vieux, des enfants (quasiment aucun n’est touché, heureusement), des diabétiques, des cardiovasculaires parce que (…) le Covid 19 détruit les poumons et ce n’est pas les asthmatiques non plus qui sont en danger vital, mais bien les 700 000 BPCO au stade sévère que nous sommes et dont personne ne parle ». France BPCO a réclamé du ministère de la Santé une sensibilisation accrue des services hospitaliers à ce profil de patients et des masques plus protecteurs.
Une nouvelle occasion de souligner les risques du tabac
Le pic de dangerosité lié au coronavirus met une nouvelle fois en exergue les risques encourus par les fumeurs, alors même que les formes de nocivité se diversifient.
Le gouvernement a opéré récemment un tour de vis fiscal supplémentaire sur les tarifs du tabac. Le 1er mars, le prix symbolique de 10 euros le paquet a été atteint pour la marque la plus consommée en France. Si une telle politique a des effets dissuasifs, elle a aussi pour risque d’inciter les fumeurs à se fournir sur le marché noir, alors que le système de lutte contre les trafics illicites mis en oeuvre en France est parfois décrié. Certains pensent qu’il serait partiellement sous le contrôle de l’industrie du tabac et que cette dernière serait impliquée dans le commerce parallèle de ses produits. Cette politique peut également avoir pour conséquence d’orienter les consommateurs vers d’autres produits (cigarette électronique etc.), dont l’absence de nocivité est sérieusement mise en question par les associations de santé.
Des risques pour les fumeurs de tabac chauffés et électroniques
Le déclenchement de maladies sévères du poumon chez les consommateurs de cigarette électronique pousse la communauté scientifique à mettre en garde sur l’ensemble de ces nouveaux produits. Au nom du principe de précaution, de nombreux experts, dont l’Organisation mondiale de la Santé, recommandent aux autorités de réglementer et de taxer le tabac chauffé comme les cigarettes conventionnelles, a fortiori quand les Etats vont avoir besoin de financer les mesures prises pour faire face au choc du coronavirus.
Si la nocivité du tabac à chauffer comme des cigarettes électroniques ne fait plus de doutes en période normale, l’épidémie de Covid-19 qui sévit actuellement renforce les craintes liés a ces produits, compte tenu des problèmes respiratoires accrus de leurs consommateurs.
Ces alertes de la communauté scientifique sur la nocivité de ces produits interviennent alors qu’une étude effectuée sur le marché asiatique a révélé la duplicité des industriels du secteur. Tout en prétendant développer de pseudo-substituts, les entreprises du tabac continuent de tout mettre en oeuvre pour encourager la consommation de cigarettes traditionnelles.
En rappelant que toutes les formes de tabagisme sont nocives, l’OMS et les autres organismes de santé publique édictent des recommandations qui prennent tout leur sens dans des moments comme celui que traverse le monde à l’heure du coronavirus. Ces recommandations ont aussi pour objectif de réduire les risques liés aux épidémies, à la fois pour les victimes potentielles et pour les systèmes hospitaliers soumis à rude épreuve.
Il semble inéluctable qu’au sortir de la crise sanitaire actuelle, des mesures complètes et harmonisées de lutte contre toutes les formes de détresse respiratoire artificielle soient prises.