MSF a annoncé fin octobre avoir été « sommée » par la Libye de quitter le territoire avant le 9 novembre. L’ONG internationale affirme qu’aucune raison n’a été donnée par les autorités de Tripoli. Présente dans le pays depuis 2011, elle avait déjà dû suspendre ses activités en mars 2025 après la fermeture de ses locaux par l’Agence de sécurité intérieure (ISA) et l’interrogatoire de plusieurs de ses employés.
Médecins Sans Frontières (MSF) n’opère officiellement plus en Libye, ou plutôt dans l’ouest du pays. Le mercredi 29 octobre, l’ONG avait annoncé dans un article publié sur ses réseaux sociaux avoir récemment reçu une lettre, émanant du ministère des Affaires étrangères de Libye, lui enjoignant de quitter le territoire avant le 9 novembre 2025. Elle précise qu’aucune raison n’a été donnée par les dirigeants libyens pour justifier son expulsion et que la procédure générale reste très floue. MSF assure toutefois que son enregistrement auprès des autorités compétentes dans le pays reste valide et espère donc pouvoir trouver une issue positive à cette situation.
L’ONG inquiète des conséquences sur la santé des personnes assistées
Dans un communiqué, MSF exprime son profond regret concernant la décision du ministère des Affaires étrangères libyen, et son inquiétude quant aux conséquences sur la santé des personnes qu’elle assiste. « Nous pensons que MSF a encore un rôle important à jouer en Libye, notamment en matière de diagnostic et de traitement de la tuberculose, mais aussi pour permettre un accès aux soins aux réfugiés et aux migrants qui sont exclus des soins et sujets à des détentions arbitraires et des violences graves dans le pays » explique l’association.
MSF active en Libye depuis près de quinze ans
Présente en Libye depuis le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011, MSF porte assistante aux Libyens comme aux migrants en partance pour l’Europe. En 2024, l’organisation a réalisé plus de 15 000 consultations médicales, 3 000 consultations en santé mentale et 2 000 consultations sur la tuberculose. L’année précédente, elle avait également fourni une aide médicale d’urgence après des inondations à Derna, ville située sur la côte méditerranéenne. En outre, l’ONG a apporté son aide pour l’identification et l’accompagnement de certains réfugiés et migrants particulièrement vulnérables pour les évacuer hors de la Libye, via un couloir humanitaire vers l’Italie.
MSF avait déjà cessé certaines activités en Libye
MSF note que l’obstruction croissante de l’intervention des ONG en Libye intervient dans un contexte de baisse drastique des financements de l’aide internationale et de renforcement des politiques européennes de gestion de ses frontières, en collaboration avec les autorités libyennes et tunisiennes. « Il n’existe aujourd’hui plus aucune ONG internationale apportant des soins médicaux aux réfugiés et migrants dans l’ouest de la Libye », déplore l’association. Il existe deux gouvernements rivaux en Libye : un à l’ouest basé à Tripoli, et un autre à l’est siégeant à Benghazi.
Notons que MSF avait déjà dû suspendre ses activités en mars 2025 suite à la fermeture de ses locaux par l’Agence de sécurité intérieure (ISA) et l’interrogatoire de plusieurs de ses employés. En août dernier, l’ONG a également décidé de mettre fin à ses activités médicales dans les prisons de Tripoli, faute de pouvoir « prodiguer convenablement des soins » aux migrants enfermés dans ces structures.
